Mis à jour le 9 septembre 2022 par la rédaction
A 77 ans ce mois-ci, Alain Keler, natif de Clermont-Ferrand, n’a plus l’âge de lire Tintin, mais il peut se consoler en savourant la reconnaissance de la qualité de son travail par l’ensemble de la profession.
Dans les années 70/80, quand la bataille faisait rage entre les mercenaires de Gamma, de Sipa et de Sygma se disputaient le marché de la photo de news, il était souvent qualifié de « rêveur ». Avec quelques autres – peu nombreux – il tranchait dans les bandes « staffeurs ». David Burnett et lui avaient déjà en commun un autre regard sur le monde. Un regard plus humain que d’autres.
En 2019, il exposait à Visa pour l’image. Au couvent des Minimes, la première photographie accrochée était la dernière photographie de son père. Elle m’impressionna. Elle me hante. Qui a, un jour, été dans la situation de photographier son père mourant, comprendra.

Le son ci-dessus est extrait d’une projection au Campo Santo, en septembre 2019. ©Visa pour l’image.
Il y a quelque chose de banal, de commun, de simplement humain dans cette image qui caractérise tout le travail d’Alain Keler. Elle est à la fois le portrait d’une époque, d’un milieu social et d’une situation banale. En chaussettes et slip, montre au poignet, le patient attend de connaitre son sort.
Keler photographie le monde avec le cœur, et avec un immense et modeste courage. Cette image le prouve. Pour faire de bonnes photos, il faut être très près disait Capa. Keler est au plus près des gens photographiés, et il faut du courage pour vaincre l’émotion quand il s’agit de son propre père. Merci Alain pour tout ton travail.