Philippe Collette, responsable commercial pour la photo à l’Agence France Presse (AFP) est décédé le 7 février 2024 à 59 ans. Nous avons demandé au Président du Syndicat des Agences de Presse Photographiques (SAPHIR) de nous parler de Philippe Collette qui représentait l’AFP.
Philippe Collette, comme beaucoup dans la photo de presse, a débuté dans les années 80, comme motard de presse à l’agence Stills. « Faire les gares à moto » ou développer les films la nuit, ont été deux portes d’entrée du photojournalisme du XXème siècle. Curieux, débrouillard, bosseur, il souhaite évoluer rapidement et l’AFP lui donne sa chance.
Ambitieux, il participe avec des collègues de l’agence Stills à la création de MaxPPP qui diffuse les photos la Presse Quotidienne Régionale et de l’agence Reuters. Fort de son expertise, il intègre l’AFP en janvier 1996, le jour de la mort de François Mitterrand. Très vite, il impulse un dynamisme en créant une structure commerciale permettant à l’AFP de rivaliser avec les grandes agences photo magazines (Gamma, Sipa, Sygma) qui règnent à l’époque sur le marché de la photo de presse. Anthony Drapier, alors commercial chez Getty Images se souvient « Nous étions concurrent, mais nous nous apprécions, et j’avais plaisir à parler avec lui ».Christophe Mansier, directeur de MaxPPP ne l’a pas connu à cette époque, mais plus tard au syndicat.
« Philippe venait aux réunions du Saphir, de temps en temps, mais nous nous voyions aussi tous les deux en dehors du syndicat. C’est quelqu’un que j’estimais beaucoup. Philippe avait un côté extrêmement sérieux, extrêmement respectueux, travailleur, et puis il était constructif et fiable. J’ai été peiné quand il m’a annoncé qu’il avait chopé ce cancer. Il est jeune… Il était jeune, Philippe. Il n’avait pas soixante ans ! »
Commercial dans un marché en crise
« Le marché de la photo est compliqué. Il a toujours été compliqué du fait des évolutions techniques, mais ces dernières années, il est devenu vraiment très compliqué. Il y a une quinzaine d’années que les éditeurs de presse ont fait un gros travail de sape des prix de reproduction des images. Mais il faut être lucide. Il y a aussi un certain nombre d’agences qui ont accéléré cette chute des prix. »
« Tout ça pour dire que Philippe était surtout chargé au sein de l’AFP, de la vente des photos à la pièce ; c’est à dire ne pas travailler uniquement avec les abonnements et les forfaits mais vendre aussi des reportages. Philippe est quelqu’un qui a fait partie des quelques agences dont Maxppp qui ont essayé de maintenir les prix à un certain niveau. Alors que beaucoup d’agences, nous les connaissons tous, se sont précipités pour baisser les prix et ainsi accélérer le mouvement. »
« Philippe lui, essayait au maximum de maintenir les prix. Et ça, c’est quelque chose de très appréciable pour garder à la photo une place viable et vivable. Voilà…. Il défendait la photo, et puis, il était plutôt chaleureux et aimait la bonne chère. C’était un bon vivant. »
Philippe Collette a repensé les profils des commerciaux de l’AFP. Il a créé de nouveaux postes en embauchant des iconographes et des éditeurs dédiés au marché de la presse magazine.
En 1999, il a été nommé chef de groupe pour encadrer l’équipe de délégués commerciaux photos, puis, en 2005, il prend le poste de responsable commercial photo France après le départ de Michele Riesenmey. En 2017, Philippe Collette est nommé responsable commercial adjoint pour la France. Son parcours marquera les succès commerciaux de l’AFP pour la photo en France, de la fin des années 90 jusqu’à aujourd’hui.
MP avec l’AFPDernière révision le 23 février 2024 à 10;29 par la rédaction
