Exposition

New York, une ville, deux regards

USA.New York City. 1966. East 100th Street – © Bruce Davidson/Magnum Photos

La galerie Magnum inaugure ses nouveaux locaux dans le 11e arrondissement de Paris avec une exposition qui rapproche le regard qu’ont porté deux auteurs sur leur ville à des décennies de distance. Ce sont des images éloignées dans le temps mais proches par une volonté commune d’aller à la rencontre de celles et ceux qui vivent dans cette métropole bouillonnante qu’est New York.

« derrière les murs et rencontrer l’invisible »

Bruce Davison

Au milieu des années 60, Bruce Davison, voulant aller « derrière les murs et rencontrer l’invisible », commence à photographier les habitants d’une rue de Harlem qui vivent dans des conditions précaires, s’installe dans la durée et gagne la confiance de celles et ceux qui vont poser devant son objectif.

« Je ne voulais pas être l’observateur caché. Je voulais être avec mes sujets, en face à face ». « Je veux voir par moi-même à quoi ressemble la rue dont on m’a dit qu’elle était hostile, sordide et qu’il fallait la craindre. Ce sont les gens que nous devons voir. Ce sont eux qui deviennent les plus invisibles pour nous dans les mots : pauvreté, taudis et ghetto. Ce sont eux que l’on doit voir de manière vivante, les yeux dans les yeux et avec qui établir un contact. Nous devons ressentir chaque personne comme un individu, à la fois semblable et différent de tous les autres. »

En 1980, il trouve une nouvelle source d’inspiration avec le métro qui était un univers sombre et dangereux et décide de le photographier en couleur. Il sillonne le réseau de Coney Island au Bronx à bord de wagons dégradés, recouverts de graffitis, hantés par les gangs et les sans-abris. Il documente un monde où des individus de tous horizons sont assis côte à côte dans un cadre aussi frénétique et indiscipliné que les rues de la cité tentaculaire qui vibre au-dessus d’eux.

« J’utilise mon corps en guise de zoom »

Khalik Allah

Retour à Harlem 30 ans plus tard avec Khalik Allah et ses images à la fois sombres et colorées, faites de nuit au contact le plus proche de la réalité brute des quartiers défavorisés. Il fait le portrait de ces anonymes qui affrontent les rigueurs de la rue, toxicos à la recherche d’une dose, laissés-pour-compte hantant la 125e rue et Lexington Avenue, toujours au plus près, presque en fusion.

« J’utilise mon corps en guise de zoom. Lorsque j’approche quelqu’un, je recherche sa part d’humanité, cette étincelle qui sommeille en lui et qu’il ne soupçonne même pas. Car je veux prendre une photo « avec » lui. Lorsque j’ai son accord, je capture alors son regard. Les yeux ne sont-ils pas les fenêtres de l’âme ? ».

Gilles Courtinat

 

Galerie Magnum

Bruce Davidson et Khalik Allah, New York

68, rue Léon Frot, 75011 Paris

Jusqu’au 18 Décembre 2021

Photographies de Bruce Davidson chez Magnum

Site officiel de Khalik Allah

La playlist pour bien accompagner cette exposition

Dernière révision le 26 mars 2024 à 4;48 par Rédaction d’a-l-oeil.info

Gilles Courtinat
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