L'oeil écoute

Le monde est Stones

Le monde est stone, chantait Fabienne Thibeault en 1978, et c’est le moins qu’on puisse dire aujourd’hui. Et voilà que les Stones sortent un nouvel album pour nous parler du paradis, comme s’ils voulaient nous faire oublier l’enfer que nous traversons.

Curieux, cet album, qui commence par le mot « colère » (« angry») et ce n’est pas contre la guerre, c’est un cri d’amour lancé à une femme.

Curieux cet album qui nous parle des doux sons du paradis, comme s’ils étaient à côté de la plaque, les Stones, mais non, ça n’a rien à voir avec nos horreurs d’ici-bas, c’est plutôt comme un testament joyeux, optimiste et poétique, histoire, avant de quitter notre planète, de se sentir déjà aspiré par le souffle du paradis.

Pressé de partir, Jagger ?

Il nous embarque dans son urgence. Il y a toujours une espèce d’urgence, chez lui, quand il chante et l’aveugle s’est toujours dit ça depuis des décennies.

Cette voix, cette urgence, le son de cette voix, et ses morceaux, « Angry »(très rock à l’ancienne) comme « Sweet sounds of Heaven » (très soul avec Lady Gaga, très blues avec Stevie Wonder au piano, très Keith Richards avec Keith Richards…) ramène l’aveugle (qui ne l’a pas toujours été) soixante ans en arrière, ou plus exactement lui offre la possibilité à chaud -joie du streaming à commande vocale !- de revenir en arrière, rien que pour reprendre sa respiration en ces temps si sombres. Il ne se sent pas le seul, l’aveugle, à profiter de cette occasion bénie d’être nostalgique sans avoir à demander la permission.

« Laissez croire aux vieux qu’ils sont encore jeunes », chante Mick Jagger avant de nous quitter.

Play list

 Dernière révision le 7 janvier 2024 à 1;14 par Association Journalisme & Photographie

Maurice Achard
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