Hommage

Jean-Luc Manaud
Le « seigneur du désert » n’est plus

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© Jean-Luc Manaud / Gamma Rapho.

Samedi 28 février 2015, le photographe Jean-Luc Manaud s’est éteint à l’hôpital à Nantes. Il était né le 13 décembre 1948. 

A 66 ans, c’est une grande figure du reportage photo qui s’est envolée, un de ceux qui ont eu 20 ans en 68. Un phare sur la route du Sahara, et un artiste. A l’œil reviendra en début de semaine sur son parcours . La crémation aura lieu au Crématorium du Parc à 17h mercredi 4 mars, 7 Chemin de la justice 44300 Nantes

L’hommage d’Alain Mingam

Manaud
© Jean-Luc Manaud / Gamma Rapho.

 

Jean–Luc Manaud était un vrai seigneur du désert qu’il aimait tant. Authentique gueule enturbannée, tel un Peter O’ Toole de l’image, aimanté par toutes les beautés sahariennes, il était le touareg, naturellement nomade d’une photographie étincelante de la passion qu’il portait depuis toujours à la beauté immaculée des paysages régulièrement arpentés du Ténéré jusqu’à la Mauritanie .

Alors commissaire de « L’ Œil–en–Seyne » à la Villa Tamaris, j’avais exposé la collection surprenante, magnifique, de ses polaroids du Niger. Il n’avait pas réussi à vendre ces véritables petits bijoux et m’avait appelé pour l’aider en novembre dernier. En vain.

Car, photographe au long cours, au cœur d’une profession soumise au vent mauvais du chômage ambiant et désertée par des commandes de plus en plus rares, Jean-Luc luttait aussi avec beaucoup de courage pour garder souffle de vie , vivre et respirer sa passion du métier. A l’heure où les tensions géopolitiques, islamistes traversent le théâtre naturel de ses rêves vécus, Jean–Luc Manaud nous lègue un patrimoine exceptionnel de reportages, de carnets de voyage réalisés avec son ami Pierre Guicheney.

« Habité par une nostalgie sans doute irréparable, je chercherai toujours à capter la beauté, ou plutôt le souvenir de la beauté du Sahara, de ce paradis d’enfance désormais interdit. Ce monde est le mien depuis toujours…» Jean–Luc l’a toujours revendiqué et nous lègue aujourd’hui un patrimoine exceptionnel. Chacune de ses images restera, tel un oasis de référence, pour ressourcer notre mémoire à la beauté du monde, à la dignité des peuples nomades.

Et rendre hommage à un grand photographe, bel homme de cœur et d’esprit, au regard lumineux d’intelligence, à Jean–Luc l’Africain.Dernière révision le 26 mars 2024 à 5;30 par la rédaction

Alain Mingam