Festival

Visa au jour le jour #6

,Rencontre avec Stéphanie Sinclair pour son travail « Les petites filles que l’on marie » en Afghanistan, au Népal, en Ethiopie,© Geneviève Delalot

 

Jeudi 6 septembre 2012 – Bloc note en direct de Perpignan publié dansLe Journal de la Photographie et dans le Club Mediapart

 

Stéphanie Sinclair de l’agence VII© Geneviève Delalot

3ème Visa d’or à Stéphanie Sinclair de l’agence VII pour son travail sur « Les petites filles que l’on marie ». Un reportage qu’elle réalise depuis 2003 et va poursuivre encore deux ans avec le soutien de plusieurs ONG et magazines dont le National Geographic.

Jeudi 6 septembre

18h30 – Premier verre décontracté au Café de la Poste. Laurent Rebours d’Associated Press vient d’arriver, fatigué. La raison ? « C’est une histoire énorme ce meurtre à Annecy. Les tabloïds anglais sont comme des fous… »

J’envoie une photo du Castillet sur mon profil Facebook et je reçois immédiatement un appel téléphonique de Ludivine Gaudry qui, outre son travail à l’agence News Picture de Michel Chicheportiche, s’occupe des relations publiques de l’association Lucas Dolega.

« Demain, vendredi, rendez-vous au restaurant le Saint-Jean pour un petit apéro de 17 à 19H. Ce n’est pas une conférence de presse, juste un moment pour annoncer les membres du jury du prochain Prix Lucas Dolega : la Mairie de Paris, Nikon, Reporters Sans Frontières et Polka, nos sponsors, les photographes Lizzie Sadin, Yan Morvan, Jean-Claude Coutausse, Eric Bouvet, Jérôme Sessini, Jérôme Huffer, sous la Présidence de Mathieu Polak, du service photo du journal Le Monde. Ca promet une bonne ambiance !!! Pour le calendrier l’appel à candidatures sera le 15 septembre et le bouclage des dossiers le 15 novembre 2012. »

 

20h00 – Dîner avec François Lochon et d’anciennes collaboratrices de l’agence Gamma. Bruno Thiéry, photo éditeur du quotidien sur tablette « The Daily » est également de la partie dans un restaurant japonais de la place de la République où sont retransmises les projections. Bruno Thiéry, un ancien de l’agence Abaca est ravi de son job à « The Daily ». Ils auraient 100 000 abonnés à l’année et 200 000 à la semaine… Côté photos, il utilise Associated Press, AFP-Getty, Reuters plus d’autres agences ou freelances. A quel prix ? 25 à 35 dollars la photo standard, plus si les images sont rares…

Remise du prix Pierre et Alexandra Boulat à Maciek Nabrdalik par Gary Knight lors de la soirée de projection du 6 septembre© Geneviève Delalot

 

21h30 – J’ai regagné le dernier rang, tout en haut des gradins du Campo Santo où l’on a la meilleure vue sur l’écran de 24 mètres de large, le son et l’air le plus pur ! Ce soir Jean-François Leroy n’a pas reçu d’images de Syrie, on attaque donc direct par la remise du Prix Pierre et Alexandra Boulat à Maciek Nabrdalik de l’agence VII pour son reportage sur le catholicisme en Pologne.

On enchaîne avec les images très dures réalisées pour « Le Monde » en Syrie par le photographe algérien Mani qui reçoit le Visa d’or humanitaire du comité international de la Croix-Rouge (CICR) des mains de Pierre Micheletti, ancien président de Médecins du Monde.

Aidan Sullivan (et ses célèbres baskets blanches) de Getty Images vient ensuite annoncer les « Getty awards » de 20 000 dollars chacun. Cette année, outre les quatre prix traditionnels décernés à Bharat Chaudary, Sebastian Liste, Kosuke Okahara et à Paolo Marchetti, Getty soutien la Fondation Chris Hondros, du nom du photographe tué l’an dernier à Misrata en Libye.

 

Remise des Getty Awards par Aidan Sullivan lors de la soirée de projection du 6 septembre © Geneviève Delalot

Etonnant et très informatif reportage de Toru Yamanaka et d’autres photographes de l’Agence France Presse sur les conséquences du terrible tsunami qui a endeuillé le Japon en mars 2011. Différents lieux photographiés au moment de la catastrophe ont été photographiés récemment : on mesure ainsi l’énorme effort de reconstruction fait par les japonais. Les dégâts s’élèveraient à plus de 650 milliards de dollars.

Plusieurs reportages sur le fascisme en Europe font dire à Dimitri Beck, à la fin de la projection, qu’il y en avait un peu trop. Je partage son opinion d’autant que les sujets étaient très proches même si « shootés » dans différents pays

Pour ma part, le meilleur m’a semblé celui de l’italien Paolo Marchetti réalisé entre 2009 et 2011. Il me faut également souligner la très belle qualité d’une série d’images sur la Belgique de Stephan Vanfleteren de l’agence Panos diffusée par Réa en France.

La séquence vidéo, qui met en valeur un livre de photos, est réservée à Pascal Maître de l’agence Cosmos pour son dernier livre sur l’Afrique : absolument sublime ! J’espère me le faire dédicacer demain à la libraire officielle de Visa dans le bâtiment dit « La Poudrière ».

Enfin, un long sujet à l’occasion des 50 ans de l’indépendance de l’Algérie nous permet de découvrir des images de Jean-Pierre Laffont qui fut, avec son épouse Eliane, un pilier historique des agences Gamma et Sygma. En revisitant ses archives, Jean-Pierre a exhumé des images faites dans sa jeunesse de sous-officier chargé de la vie d’un douar.

Au début de l’année, alors que j’exposais les photos, réalisées par mon père, du camp de harkis de La Londe-les-Maures dans le Var, il m’écrivait : « J’ai adoré les photos de ton père. Sous-bite (ndlr : jargon militaire pour sous-lieutenant), j’avais une harka en Algérie en 1961 jusqu’en avril 1962. Je viens de scanner une cinquantaine d’images que j’ai réalisées là-bas. »

Le jeune officier appelé crée une école, un dispensaire médical. Il fait de son mieux, avec cœur. Achète des fournitures scolaires à Oran sur sa solde, se démène pour ces citoyens de seconde zone que sont alors les algériens. Arrive le cessez-le-feu, l’indépendance et il doit réembarquer pour « la métropole » en laissant derrière lui ses harkis qui ne sont autorisés à le suivre qu’en abandonnant leur famille. Cruelles et inacceptables conditions. Jean-Pierre Laffont en restera marqué pour le restant de ses jours. Ses photos montrent déjà chez le jeune homme une belle maîtrise du cadrage et un sens du récit en images. Merci à lui et à Jean-François de ce témoignage émouvant.

23h30 – Nous faisons l’impasse sur la fiesta pour le cinquième anniversaire de l’agence Noor. Y en aura-t-il un sixième ? Je l’ignore, et, trop fatigué, renonce à aller à la pêche aux infos. Retour vers Le Castillet et son café de la Poste en compagnie de Dimitri Beck, rédacteur en chef de Polka que je complimente pour son dernier et copieux numéro. « C’est un succès » me dit-il « en étant bimestriel, nous sommes moins longtemps en kiosque et nous gagnons des lecteurs. » Longue vie à Polka et espérons que son succès le conduise vite à un rythme mensuel mieux adapté au traitement de l’actualité photojournalistique.

 

Vendredi 7 septembre

Rencontre avec Damir Sagolj, Pedro Ugarte et Ed Jones sur leurs reportages en Corée du Nord© Geneviève Delalot

10h00 – Rencontre avec Pedro Ugarte, Ed Jones et Damir Sagolj : trois regards sur la Corée du Nord.

Rencontre avec Sebastian Liste (c) Geneviève Delalot

 

Sebastian Liste (c) Geneviève Delalot

11h00 – Rencontre avec Sebastian Liste, lauréat du Prix Rémi Ochlik de la ville de Perpignan en présence de Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan.

12h00 – Conférence avec Stéphanie Sinclair qui travaille depuis 2003 sur ces petites filles que l’on marie en Afghanistan, au Népal, en Ethiopie, en Inde et au Yémen.

Au 7ème étage du Palais des Congrès, une brochette d’anciens photographes de l’agence Sipa s’auto-dédicacent « 40 ans de photojournalisme, Génération Sipa » le livre dont Michel Setboun est le papa. Il y a là Alain Mingam, Thomas Haley, Wojtek Laski, Luigi Mistrulli etc.

40 ans de photojournalisme© Geneviève Delalot
Michel Setboun auteur de Génération SIPA – 40 ans de photojournalisme © Geneviève Delalot

Jordan Pouille, journaliste freelance à Mediapart et à La Vie se présente. Nous ne nous connaissions qu’à travers ses écrits et ses photos. Il est basé à Pékin et c’est sa première visite à Visa pour l’image : « Je suis super impressionné ! Quelle qualité ! Cela rend modeste de voir les travaux de ces photographes. » Je l’interroge sur ses contacts et sur ses ventes de photos. Il dispose de photos de quelques dissidents chinois recherchées par les journaux ces derniers temps. « J’ai vendu une photo 1 000 euros à l’AFP et tout le monde m’a engueulé car elle a fait le tour du monde. » Il rit, mais est plus amer à propos des baigneuses chinoises portant des cagoules pour se protéger du soleil. Il avait publié dans Mediapart des images de cette « nouvelle mode » avant que les grandes agences ne s’emparent du sujet…

Laski ex photographe de Sipa nous fait le coup de l’arroseur arrosé© Michel Puech

A suivre… Demain les dernières heures du festival: remise des Visa d’or, signature de livres dont Génération SIPA et… la playa !

Michel Puech pour le texte, Geneviève Delalot pour les photosDernière révision le 12 mars 2024 à 12;10 par Michel Puech