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AP-France: Desperate House Employees

Les personnels du service français de l’agence américaine Associated Press sont les victimes d’un obscur feuilleton non télévisé.  Depuis plusieurs années, la direction d’AP promène littéralement les salariés de plan de réforme en projet de revente. La Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) vient de mettre le holà !
A 13h05, ce jeudi 5 avril 2012, un communiqué de source syndicale d’AP France, m’apprend par un SMS, que le comité d’entreprise extraordinaire d’AP-France consacré au projet de reprise du service français de l’agence américaine par le groupe de presse allemand DAPD, propriétaire de Sipa press, qui devait se tenir vendredi, est reporté sine die !

Or, le jeudi 29 mars, Erik Monjalous, directeur général adjoint de Sipa Press, filiale de DAPD, envoyait un communiqué  par courriel titré : «Le groupe de presse DAPD annonce son projet de reprise du Service Français d’AP France ».
Ce même jeudi 29 mars, dans un message adressé à l’ensemble des salariés d’AP France, son directeur Pierre-Yves Glass avait annoncé la convocation du CE « avec comme ordre du jour l’information et la consultation du CE sur un projet de cession du Service français d’AP à une filiale du groupe de presse DAPD ». Sipa press ?
Dans les communications des dirigeants d’AP France et de SIPA-DAPD, tout était écrit au conditionnel, je n’avais donc pas jugé utile de vous en faire part, d’autant plus que ce projet de reprise est une arlésienne qui court précisément depuis qu’en juillet de l’an passé, le groupe de presse DAPD a « racheté » l’agence Sipa Press.
Martin Vorderwülbecke, principal actionnaire de DAPD et leader du groupe de presse allemand ne fait pas mystère de vouloir concurrencer l’Agence France Presse (AFP) qu’il accuse de faire du dumping en Allemagne. Il lui faut donc, en plus des reportages photographiques produits par Sipa Press, être capable de fournir du texte aux clients : les quotidiens, les magazines et les sites web.
Quand je lui posais, en juillet 2011, la question : pour produire du texte, il vous faut des rédacteurs, où en êtes-vous de vos pourparlers avec Associated Press France ?
Martin Vorderwülbecke me répondit « C’est encore une bonne question… Même, si je ne suis pas très diplomate habituellement, sur ce point, je dois l’être. Nous avons repris Associated Press Allemagne et c’était une très bonne solution. Contrairement à ce que l’on a écrit, nous n’avons pas licencié chez les journalistes, uniquement chez les administratifs. Au contraire nous avons embauché 119 journalistes. En France, nous avons peut-être la possibilité de reprendre AP, mais on verra… » (cf La lettre de la photographie)
Interrogé par téléphone la semaine dernière Erik Monjalous expliquait l’emploi du conditionnel dans les déclarations des dirigeants d’AP et de DAPD par la nécessité de respecter la voix consultative du Comité d’entreprise d’AP-France…
Que s’est-il donc passé dans la semaine écoulée ?

Selon les syndicats d’AP France « La Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) exige la nomination d’un médiateur à AP-France avant toute nouvelle convocation du CE »
Il s’agirait d’une « mise en demeure » de l’administration concernant « l’existence de risques psychosociaux graves et persistants » dans l’entreprise. Fichtre !  
Toutefois, précisent les syndicats, tout ceci ne remettrait pas en cause le projet de cession qui  estiment qu’il s’agit d’une « première victoire qui va nous laisser le temps de faire valoir notre point de vue à AP et DAPD ».
DAPD, deuxième agence de presse allemande, s’est bâtie autour de l’agence DDP qui avait elle même repris ADN – agence de l’ex-Allemagne de l’Est-, puis le service en langue allemande d’Associated Press. L’agence DAPD revendique 700 clients, médias et institutionnels.
En Allemagne, le groupe DAPD qui a repris en janvier dernier Picture Press l’agence du groupe Gruner +Jahr est également en conflit ouvert avec la première agence allemande DPA à la fois sur des questions de noms de marques et sur des contrats avec l’Etat fédéral.
De son côté, à l’AFP, la direction de la communication n’avait aucun commentaire à faire concernant l’éventuelle reprise, un jour peut-être, d’AP-France par DAPD.
Affaire à suivre

Michel PuechDernière révision le 17 décembre 2015 à 10;47 par Michel Puech